Le Télégraphe Chappe
Historique.
En 1790, le physicien, Claude Chappe, imagine et met au point un système de transmission optique de messages confidentiels, basé sur la répétition de signaux, de poste en poste, régulièrement espacés entre l’expéditeur et le destinataire. L’invention est appelée TELEGRAPHE du grec TELE : loin et GRAPHE : écrire.
Le 12 juillet 1793, devant une commission de la Convention, Claude Chappe fait une démonstration de fonctionnement en région parisienne, sur une distance de 25 km équipée de trois postes. Suite au succès de cet essai, le Comité de Salut Public décide alors la création de la ligne Paris-Lille (sur 200 km) équipée de 22 postes qui sera opérationnelle dès août 1794. Très rapidement, de nombreuses lignes sont réalisées au départ de Paris (voir la figure ci-contre). En France, la télégraphie, dite optique ou aérienne, connaît son apogée en 1845 ; le réseau national possède alors 535 stations réparties sur 5000 km de ligne et desservant 29 villes. Mais dès 1852, le télégraphe électrique puis le télégraphe Morse, remplacent progressivement le télégraphe optique Chappe.
Fonctionnement d’un poste.
Une ligne est constituée d’une succession de postes espacés en moyenne de 10 km et qui observent leur deux postes adjacents avec deux longues-vues (une de chaque côté ; grossissement de 40 à 60). L’affichage des signaux est assuré par trois bras mobiles placés au sommet d’un mât de 8m de haut. Ces bras sont entrainés en rotation par un opérateur humain (le stationnaire) qui agit sur des manivelles entraînant des poulies et des câbles. Le mécanisme est capable de réaliser 92 signaux différents permettant le codage des messages.
La ligne Lyon-Turin.
C’est en 1805 que Napoléon, après avoir conquis la botte italienne, demande que l’on construise la ligne Lyon-Venise qui sera opérationnelle jusqu’à Turin en 1807 et jusqu’à Venise en 1810. Il y a 33 postes sur cette ligne qui passe par la Maurienne et le Col du Mont-Cenis. L’un de ces postes est situé sur la commune de Saint-André, à 1800m d’altitude, au lieu-dit le Plan de l’Ours ; sa découverte eut lieu en 2003 puis l’objet de fouilles en 2006. En 2008, un projet de travaux fut initié et la réhabilitation terminée en 2010.
Le résultat des travaux.
Le poste de télégraphie Chappe du plan de l’Ours, sur la Commune de Saint-André, est opérationnel depuis juillet 2010, dans le même état qu’il devait être début 1807. La photographie ci-contre montre l’ensemble du manipulateur, des manivelles, des poulies et des câbles qui permettent, au stationnaire, d’afficher depuis la pièce de travail située au bas du mât, les signaux codés reproduits par les trois bras situés en haut du mât. Ici, le manipulateur horizontal et les deux manivelles verticales forment un grand « U ».
La photographie ci-contre montre le poste télégraphique vu de l’extérieur à 1800m d’altitude, dans son écrin de verdure. On ne voit là que la pièce où travaille le stationnaire et le mât, la pièce de repos étant enterrée. Sur le pignon gauche du poste, nous voyons, à mi-hauteur, la boîte en bois qui contient la longue-vue qui regarde le poste d’Orelle dans la direction de Lyon. Quant aux trois bras articulés, situés en haut du mât de 8m, ils reproduisent, fidèlement en grand, le « U » que le stationnaire a affiché en bas avec ses manivelles. C’est ce grand signal qui peut être vu par les postes adjacents, avec les longues-vues, à des distances d’une dizaine de kilomètres, par temps clair.
Depuis 2008, ce poste Chappe, d’accès très facile en voiture et en car, est ouvert aux visites commentées en juillet et août.